Visite commentée de Saint-Ismier
Quel regard portez-vous sur les aménagements antérieurs et les projets d’urbanisation récents à St-Ismier ? Au fil d’une visite commentée, confrontez votre point de vue à celui que nous exprimons, parfois de façon volontairement très tranchée pour appeler à réagir. Nous sommes tous concernés. Faites-nous part de votre avis.
Saint-Ismier est caractérisé par son cadre (versant ensoleillé face au massif de Belledonne) et sa proximité par rapport à un pôle d’excellence en recherche et technologie (Grenoble, ZIRST, et maintenant Crolles). Il s’agit donc d’une commune à forte attractivité résidentielle depuis la fin des années 60.
La structure ancienne de Saint-Ismier est constituée de hameaux, groupés autour des sources du pied de la Chartreuse, et de domaines (les clos), résidences des grands propriétaires terriens ou à usage de maisons de campagne, dont la plupart ont maintenant fait place à des lotissements de maisons individuelles.
Le territoire est également marqué par le passage de la RD 1090, ex route nationale, qui a constitué un axe routier majeur avant la réalisation de l’autoroute A41 et qui continue à créer une coupure entre la partie haute et la partie basse de la commune.
Le développement urbain s’est fait sans vision à long terme, par ouvertures successives à la construction d’anciens domaines et d’espaces agricoles, au fil de la révision ou modification des plans d’urbanisme. Le résultat est une juxtaposition d’opérations immobilières sans cohérence entre elles et sans structuration, notamment vis à vis des équipements collectifs. En outre, jusqu’à un passé récent, une constante de la politique communale était une profonde réticence à l’égard de l’implantation de bâtiments collectifs, allant jusqu’à un rejet en ce qui concerne les logements sociaux.
1. La RD 1090
1.1 Entrées de Saint-Ismier
Les deux entrées sont soulignées par le franchissement d’un torrent (ruisseau de Corbonne côté Grenoble et Manival côté Chambéry). Il convient de mettre en valeur ces éléments
naturels caractéristiques du pied de la Chartreuse, notamment :
côté Grenoble, supprimer la décoration florale à caractère artificiel sur les garde-corps, améliorer la perception du torrent ;
côté Chambéry, supprimer des panneaux publicitaires, enterrer les câbles électriques, structurer les espaces plantés.
1.2 Carrefour du collège
A cet endroit, l’axe routier prime totalement. Pour casser cela, il faut modifier la perception de l’automobiliste en créant une place qui serait simplement traversée par la route avec une modification forte des caractéristiques de celle-ci (largeur, revêtement, etc.). La pente du terrain peut être utilisée comme un atout pour modeler le sol et intégrer de nouvelles constructions.
Un tel aménagement doit être conçu dans le cadre d’une réflexion intégrant toute la zone allant du ruisseau de Corbonne au domaine de Randon et à l’Agora, et portant sur un projet novateur, en terme architectural, environnemental et social (mixité). Il faut inclure dans la réflexion les besoins en équipements collectifs et en commerces ou services. Cela implique notamment de revoir totalement le programme immobilier autorisé par la modification n°3 du PLU (Charvinière).
1.3 Carrefour central (commerces)
Comme pour le carrefour du collège, il faut envisager la création d’une véritable place, structurant l’espace et créant un lien entre les commerces de cette zone, de part et d’autre de la route. La priorité doit être donnée aux piétons.
Il est dommage que la commune n’ait pas saisi l’opportunité que représentait la réalisation du programme immobilier au sud de la route pour proposer un tel aménagement, qui aurait alors été plus facile à concevoir.
1.4 Aménagement d’ensemble de la RD 1090
Cet aménagement se poursuit par tronçons, sans continuité évidente dans les options de base. Il est de plus en plus urgent de disposer d’une réflexion d’ensemble intégrant le développement des abords de la RD 1090 et les besoins liés aux cheminements piétons et cycles pour l’accès aux équipements notamment, à plus forte raison avec la croissance de la partie basse de la commune.
De même, on aurait pu mener une réflexion sur la possibilité d’intégrer à terme un transport en commun en site propre.
2. Le centre village
Deux terrains ont un caractère stratégique évident pour les aménagements futurs : celui qui limite la place de l’église côté Est et celui qui lui fait face de l’autre côté de la route.
La commune devra donc saisir les opportunités d’acquérir ces terrains qui pourraient se présenter, dans la perspective d’un projet d’ensemble allant du cimetière à la mairie.
Un tel projet devra examiner la possibilité de mieux dégager l’église, actuellement en contrebas de la place, ce qui pourra nécessiter de revoir le schéma de circulation sur les voies de ce secteur.
3. Les hameaux anciens
Le patrimoine que représente ces hameaux est généralement bien préservé lors des restaurations. Il serait toutefois intéressant de renforcer les recommandations en matière de choix de matériaux et de couleurs. Il faut veiller tout particulièrement à conserver les murs de pierre, vestiges des anciens domaines, qui constituent un trait marquant du paysage. En complément il est nécessaire de contrôler les ajouts de clôtures, parfois mal intégrées.
L’étroitesse des routes justifie des restrictions fortes pour la circulation automobile. Un problème délicat à régler est celui du stationnement des véhicules. On pourrait procéder à des examens cas par cas avec certains propriétaires pour rechercher des solutions.
4. Les programmes immobiliers récents
4.1 Collectifs sous l’ancienne gendarmerie et chemin du Fangeat
Le programme de bâtiments collectifs récemment réalisé sous l’ancienne gendarmerie étonne par la faiblesse de sa composition : bâtiments se gênant les uns les autres, fragmentation de l’espace et des espaces verts , alignement des places de stationnement le long des façades, absence d’espace de jeux sécurisé... Il en résulte notamment des nuisances visuelles et sonores.
D’autre part, la voie d’accès présente des passages en forte pente susceptibles de créer des difficultés en période hivernale.
Le nouveau programme en cours de réalisation chemin du Fangeat va présenter les mêmes défauts, à une plus grande échelle. Le choix d’aligner des immeubles d’un même type en rangées parallèles sur ce terrain traduit une non-prise en compte de l’environnement et du tissu urbain existant. Manifestement, la majeure partie des appartements ne bénéficiera d’aucune vue sur le massif de Belledonne. Certains seront même privés d’ensoleillement en hiver.
La conception architecturale des immeubles apparaît également assez banale, sans recherche d’harmonisation avec le bâti existant.
4.2 Lotissement du Buttit
A la différence de lotissements anciens (Clos Faure, Chaboud par exemple), ce grand lotissement récent donne l’image d’une juxtaposition de maisons individuelles sans recherche de composition, ni d’harmonie. On note une absence de dégagements et d’espaces communs. Aucun espace tampon n’a été prévu le long du barreau Est, qui doit être source de nuisances importantes pour les villas proches.
La voirie est aménagée sans imagination : uniformité des profils et des revêtements. Les trottoirs sont discontinus par endroits, ce qui peut être source de danger. On n’a pas non plus cherché à jouer sur l’aménagement des surfaces et les clôtures ou les haies qui bordent les voies (décrochements, matériaux, nature des plantations) pour créer une perception qui ne soit pas purement routière.
Le lotissement en cours de réalisation chemin de Chartreuse présente les mêmes caractéristiques, avec des villas disparates de grande taille qui se gênent mutuellement.
En raison de la diminution de la surface des parcelles, l’impact de ce mode de lotissement est beaucoup plus sensible qu’auparavant et l’atténuation de cet impact par les plantations sera plus difficile à obtenir.
Les constatations faites sur les programmes de construction récents doivent conduire à réviser, s’il y a lieu, certaines règles figurant au PLU, et surtout à faire preuve d’une vigilance beaucoup plus grande lors de la délivrance des permis de construire.
5. Les zones d’activité
5.1 Zone de la Bâtie
Force est de constater que cette zone souffre des mêmes maux que les zones d’habitation évoquées ci-dessus :
- absence de composition et d’harmonie ; la forme, l’orientation des bâtiments, les types de construction, les couleurs semblent n’avoir eu à obéir à aucun critère commun ;
- non-intégration au tissu existant, au point même de masquer totalement l’ancienne maison forte/ferme de la Bâtie qui constitue pourtant un point fort du patrimoine.
On peut également s’interroger sur la fonctionnalité du schéma de desserte interne et de stationnement de cette zone.
5.2 ISIPARC
Pour ce projet, dont la réalisation démarre, il conviendra bien sûr d’éviter les travers dénoncés ci-dessus. La commune dispose en principe de tous les outils nécessaires à cette fin puisqu’il s’agit d’une réalisation sous forme de ZAC.
5.3 Déchèterie
L’impression de mitage donnée par les implantations dans cette zone agricole de la commune est renforcée par la disparité architecturale des bâtiments de la déchèterie et du cimetière.
Les possibilités de construction d’équipements dans cette zone (caserne de pompiers ?) doivent impérativement être réexaminées à l’occasion de la révision du PLU.
6. L’agriculture et le patrimoine vert
6.1 Zones agricoles du bas de la commune
L’agriculture doit être défendue pour éviter un mitage progressif du bas de la commune. Mais elle doit certainement évoluer dans ses types et modes de production : agriculture de proximité (cultures maraîchères permises par la qualité des sols), souci accru de protection de l’environnement.
6.2 Zone naturelle du haut de la commune
La qualité des espaces de prairie et forêt du haut de la commune est à préserver. Il faut aider les agriculteurs à cette fin, en veillant notamment à assurer une bonne cohabitation entre activités agricoles et de loisirs, et valoriser la forêt.
7. Les équipements publics
L’absence de prévision à long terme et de politique de réservation foncière de la commune se traduisent par une dispersion des équipements, réalisés en fonction des opportunités présentes à un instant donné, et conduisent parfois à une médiocre satisfaction des besoins (absence de groupe scolaire sous la RD 1090 par exemple).
Les opérations d’envergure évoquées plus haut, concernant le secteur du centre village et celui du collège et de l’Agora, devraient être l’occasion d’une analyse poussée des besoins en matière d’équipements et de la façon de les satisfaire.