Un héritage de l’Agglomération Grenobloise : La démocratie participative et les Groupes d’Action Municipale
Si l’histoire éclaire le présent, et plus encore l’histoire récente, il est indispensable de rappeler l’expérience des GAM (Groupes d’Action Municipale) de l’agglomération grenobloise.
Le point de départ se situe à Grenoble où les problèmes de distribution d’eau et de perte de pression dans les étages crée en 1964 une mobilisation collective locale puis urbaine d’une ampleur telle que se crée, dans la foulée, le GAM Grenoblois animé par un certain Hubert Dubedout. Nous sommes dans des années de redistribution des forces à Gauche entre la gauche traditionnelle (SFIO), la « nouvelle gauche » (type PSU) plus participative et la forte présence associative grenobloise, en particulier des unions de quartiers.
Tout naturellement, pour les élections municipales de mars 1965, une alliance à trois se constitue à Grenoble et associe les GAM (H. Dubedout), la SFIO (M. Gleize) et le PSU (D. Hollard). De plus, dans l’ombre J. Verlhac joue le rôle de ciment entre des forces qui doivent apprendre à se connaître. Cette alliance remporte les municipales et pour bien montrer qu’est recherchée une nouvelle forme active de démocratie c’est Dubedout, libre de tout engagement de parti, qui est élu Maire de Grenoble en remplacement du RPR Michallon. Il sera réélu en 1971 et 1977, deviendra député en 1973, sera réélu député PS en 1978 et 1981. Battu par la liste Carignon, aux municipales de 1983, il abandonnera tous ses mandats et disparaîtra accidentellement en montagne en 1986.
Cette alliance municipale, très articulée avec les associations de quartier, les associations culturelles et sociales, les maisons de jeunes mettra en Å“uvre une politique d’urbanisation et de développement économique de Grenoble très active et très sociale (logement social, politique de la petite enfance et du 3ème âge…) avec un objectif de participation et de démocratie directe. Du coup, en 1966, des acteurs divers qui visent à faire débattre et à rénover la Gauche nationale se retrouveront aux « Rencontres de Grenoble », à la même époque un livre retentissant sur la participation municipale de Claude Glaymann, s’intitulera « 50 millions de Grenoblois » et P. Mendès-France sera tout naturellement candidat et élu à Grenoble aux Législatives de 1967.
L’expérience municipale participative Grenobloise durera 18 ans (1965-1983) mais elle fera école dans d’autres communes : à Meylan ou le GIAM (Groupe d’Initiative et d’Action Meylanaises) revendique la même rénovation démocratique dans la gestion communale et où F. Gillet élu maire en 1971 et réélu en 1977 met en Å“uvre un vrai travail d’équipe avec totale délégation de pouvoir à ses adjoints, à St Egrève où le GAM se heurte avec moins de bonheur à la gestion assez centralisée du maire de l’époque. Dans d’autres communes, sans reprendre le sigle, des élus et adjoints socialistes en particulier à St Martin d’Hères et à Echirolles, tenteront de donner vie à une forme de démocratie communale participative d’autant plus précieuse qu’elle s’exercera dans des municipalités à direction communiste assez centralisée.
Cet héritage de l’agglomération grenobloise, comme celui des Etats Généraux de Crolles des années 60 et 70, doit nous aider à approfondir et diversifier aujourd’hui notre recherche d’une démocratie communale fondée sur la participation et la concertation.